San José a récemment vécu une journée atypique lorsque l’asphalte de l’Avenida Segunda et les environs de la Maison Présidentielle à Zapote ont été occupés par des machines agricoles, des filets de pêche et des milliers de producteurs ruraux. La dénommée « Grande Marche Nationale du Secteur Agricole et de la Pêche » s’est consolidée comme l’une des plus grandes mobilisations de l’année, réunissant des délégations venues du Guanacaste, de Limón, de la Zone Nord et du Sud du pays, qui ont quitté leurs fermes pour rendre visible la crise que traverse le secteur productif costaricien.
La manifestation s’est caractérisée par un défilé inhabituel de tracteurs et de camions qui ont avancé lentement dans le centre de la capitale, une image qui contrastait avec le trafic urbain habituel et qui a servi de symbole de la force de travail rurale. Des corporations de diverses activités y ont participé, incluant des riziculteurs, des caféiculteurs, des producteurs de bananes et de plantes ornementales, des maraîchers ainsi que des pêcheurs artisanaux et industriels. Malgré la diversité de leurs métiers, tous ont marché sous un mot d’ordre unifié : la défense de la souveraineté alimentaire et l’urgence de mesures économiques pour éviter la faillite massive des producteurs locaux.
Le parcours a eu des points névralgiques devant l’Assemblée Législative et la Maison Présidentielle, où les dirigeants du mouvement ont remis un cahier de doléances formel. Parmi les demandes centrales exposées sur les pancartes et dans les discours, on notait la demande d’une « Loi de Sauvetage » pour rééchelonner les dettes qui étouffent les agriculteurs, la révision de la politique connue sous le nom de « Route du Riz » et, de manière très emphatique, l’exigence d’actions concernant le taux de change du dollar, dont la chute prolongée en 2024 et 2025 a drastiquement réduit les revenus du secteur exportateur.
Au cours de la journée, les manifestants ont souligné que leur présence à San José n’obéissait pas à des intérêts partisans, mais à une nécessité de survie opérationnelle. Les porte-paroles du mouvement ont expliqué à la presse et aux députés venus les recevoir que la combinaison de coûts de production élevés en colones et de ventes dans un dollar déprécié a rendu l’activité insoutenable pour des milliers de familles. La marche s’est conclue de manière pacifique, mais avec un message ferme indiquant que le secteur restera vigilant et actif dans l’attente de réponses concrètes de la part de l’Exécutif et du Législatif dans les semaines à venir.






