Une équipe de spécialistes du Costa Rica et du Mexique se trouve actuellement sur le site du musée Finca 6 à Osa, menant une phase cruciale pour la conservation à long terme des sphères de pierre précolombiennes. Les travaux d’août 2025 se concentrent sur la restauration de trois sphères en calcaire, une variété rare dont la composition les rend particulièrement vulnérables aux conditions environnementales.
Cet effort est le fruit d’une solide collaboration de plus d’une décennie entre le Musée National du Costa Rica et l’École Nationale de Conservation, Restauration et Muséographie (ENCRyM) de l’Institut National d’Anthropologie et d’Histoire (INAH) du Mexique. Le projet se déroule sur l’un des quatre sites de peuplement Diquís inscrits au Patrimoine Mondial de l’UNESCO.
L’Objet de l’Intervention : La Vulnérabilité du Calcaire
Contrairement à la majorité des sphères, qui sont faites de gabbro (un type de roche ignée dure), les trois sphères en cours d’intervention sont en calcaire congloméré. En tant que roche sédimentaire, elle est significativement plus poreuse et plus tendre, ce qui accélère sa détérioration.
Les diagnostics techniques effectués par l’équipe ont identifié plusieurs « pathologies » ou types d’altération :
- Perte de matière : Détachement de fragments et dissolution de la matrice calcaire due aux pluies acides.
- Fissures et fractures : Fissures structurelles causées par le stress thermique et la pression des racines.
- Colonisation biologique : Présence de lichens, d’algues et de mousses qui retiennent l’humidité et sécrètent des acides, détériorant la surface.
- Érosion hydrique : Usure de la surface causée par le ruissellement de l’eau.

Une Collaboration Scientifique pour le Transfert de Connaissances
Le projet, dirigé par des experts tels que la Dr. Isabel Medina González de l’ENCRyM et des restaurateurs du Musée National, a un double objectif. Le premier est la stabilisation physique des artefacts pour arrêter leur détérioration. Le second, d’égale importance, est l’échange de méthodologies et la formation technique du personnel costaricien à la conservation de la pierre archéologique en contexte tropical.
Cette alliance permet au Costa Rica d’appliquer la vaste expérience que le Mexique a développée dans la conservation de son propre patrimoine monumental, en adaptant les techniques aux conditions et matériaux locaux.
Méthodologie et Principes de Conservation Appliqués
Le processus de restauration suit un protocole scientifique strict basé sur les normes internationales les plus élevées.
- Nettoyage Spécialisé : Un nettoyage mécanique est effectué, à la fois à sec (avec des bistouris et des brosses) et humide (avec de l’eau et de l’éthanol), pour enlever les dépôts de surface et la croissance biologique sans être abrasif.
- Consolidation Structurelle : Les fissures et les zones avec perte de matière sont comblées avec des mortiers de chaux et de sable. Ce matériau est choisi pour sa compatibilité chimique et physique avec le calcaire. Sa porosité permet à la sphère de « respirer », empêchant l’accumulation d’humidité interne qui pourrait causer des dommages plus importants.
- Le Principe de Réversibilité : Un critère fondamental de la conservation moderne est que tout matériau ajouté doit pouvoir être retiré à l’avenir sans endommager l’objet original. Les mortiers utilisés respectent ce principe, garantissant que des interventions futures, avec des technologies possiblement plus avancées, soient réalisables.
- Stratégie de Conservation In Situ : La décision de maintenir les sphères partiellement enterrées est une stratégie scientifique délibérée. Cela crée un microenvironnement stable autour de l’artefact, le protégeant des changements brusques de température et du rayonnement solaire direct, qui sont deux des principaux agents de détérioration.
Ce projet binational assure non seulement la survie physique d’artefacts uniques, mais garantit également la préservation de leur intégrité et de leur authenticité, respectant ainsi les engagements pris par le Costa Rica lors de l’inscription des sites de peuplement Diquís sur la liste du Patrimoine Mondial de l’UNESCO.