Ce week-end, l’air de Limón n’avait pas seulement l’odeur de la mer, mais aussi celle de l’histoire, de la justice et d’un avenir qui se construit dans l’unité. Le Premier Congrès National du Forum du Peuple Tribal Afro-costaricien (FPTAC), qui s’est tenu les 1er et 2 août, n’était pas un simple événement ; c’était une déclaration puissante émanant du cœur des Caraïbes costariciennes.
Plus d’une centaine de leaders, de jeunes et de membres d’organisations afro-descendantes de tout le pays se sont réunis pour tracer une voie commune. Cet article explore les moments clés, les voix et la signification profonde d’une rencontre qui marquera un avant et un après pour la reconnaissance et le développement du peuple afro-descendant au Costa Rica.
Pourquoi maintenant ? La Lutte pour la Reconnaissance et la Justice
Depuis des décennies, la communauté afro-costaricienne se bat pour sa pleine reconnaissance. Bien que la Constitution Politique définisse déjà le Costa Rica comme une nation « pluriculturelle et multiethnique », ce congrès vise à aller plus loin. L’objectif est de consolider la reconnaissance du « peuple tribal afro-costaricien » en tant que sujet collectif de droit, doté d’une identité culturelle, d’une langue et d’une tradition historique propres.
Il ne s’agit pas seulement d’une question de sémantique ; c’est le fondement pour exiger la justice économique, la participation politique et un développement qui respecte leur vision du monde. Comme l’a déclaré le chef tribal du FPTAC, Queku Shaka Zulu : « Ce congrès est un appel à l’action et à l’unité d’intention… C’est une occasion cruciale pour nous de tracer ensemble un chemin vers un avenir où nos droits, notre culture et nos contributions seront pleinement reconnus et respectés. » Cet événement représente la formalisation d’un mécanisme ancestral de représentation qui cherche à dialoguer d’égal à égal avec l’État et la société.

Les Voix du Congrès : Des Dialogues qui Forgent l’Avenir
Avec le soutien de plusieurs agences des Nations Unies, le congrès est devenu un espace de dialogue dynamique. Les tables rondes se sont concentrées sur trois piliers fondamentaux : reconnaissance, justice et développement. Les sujets abordés allaient de la lutte contre les formes contemporaines de racisme à la nécessité de politiques publiques spécifiques en matière de santé, d’éducation et d’opportunités économiques pour la population afro-descendante.
La présence d’intervenants de renommée nationale et internationale, comme l’ancienne vice-présidente Epsy Campbell et l’écrivain acclamé Quince Duncan, a ajouté une profonde dimension d’analyse et d’expérience. Leurs interventions ont rappelé l’importance de ne pas revenir en arrière sur les droits acquis et de continuer à lutter contre l’invisibilisation historique.
De Limón au Costa Rica : L’Héritage du Congrès
Plus qu’un simple événement de deux jours, le congrès est le point de départ d’un agenda unifié. Son principal héritage est la consolidation du FPTAC en tant que voix représentative et légitime de la communauté. De là émergeront des propositions concrètes qui seront présentées à l’Assemblée Législative, au Pouvoir Exécutif et aux organisations internationales.
Ce congrès rappelle à tout le Costa Rica que la richesse de la nation réside dans sa diversité. Le renforcement de l’identité et de l’organisation du peuple afro ne profite pas seulement à cette communauté, mais renforce également la démocratie et le tissu social du pays tout entier, nous obligeant tous à considérer les Caraïbes non pas comme une région périphérique, mais comme un berceau fondamental de notre identité nationale.
L’Écho des Voix Unies
Le Premier Congrès National du Forum du Peuple Tribal Afro-costaricien est terminé, mais son écho commence à peine à résonner. Ce fut un acte d’autodétermination, d’émancipation et la preuve évidente que l’unité est l’outil le plus puissant pour la transformation. La question qui se pose à nous tous, en tant qu’habitants de cette nation, est la suivante : comment pouvons-nous, depuis nos propres sphères, être des alliés dans cette lutte pour la reconnaissance et la justice ?