Le Parc national du volcan Poás reste fermé au public depuis le lundi 8 avril 2025, à la suite de deux éruptions explosives survenues en l’espace de quelques heures. La mesure a été prise par le Système national des aires de conservation (SINAC) dans le cadre du protocole de sécurité face à l’intensification de l’activité volcanique dans la région.
Les éruptions, classées comme phréatiques, ont eu lieu à 6h49 et à 10h33, selon les rapports de l’Observatoire volcanologique et sismologique du Costa Rica (OVSICORI-UNA). Les colonnes de cendres ont atteint jusqu’à 1 500 mètres de hauteur au-dessus du cratère actif, avec une dispersion visible vers des zones proches comme Grecia, Sarchí et leurs environs.
Qu’est-ce qu’une éruption phréatique ?
Les éruptions phréatiques, comme celles que connaît actuellement le Poás, se produisent lorsque de l’eau souterraine entre en contact avec du magma chaud ou des roches volcaniques à haute température. Ce contact provoque une expansion soudaine de vapeur, entraînant des explosions sans nécessairement impliquer de nouveau matériau magmatique. Elles sont difficiles à prévoir, car elles ne présentent pas toujours de signaux sismiques préalables, et peuvent être extrêmement dangereuses en raison de l’expulsion violente de gaz, de cendres et de roches.
Augmentation de l’activité depuis janvier
Depuis janvier de cette année, l’OVSICORI observe une tendance à la hausse de l’activité volcanique du Poás. Celle-ci comprend des émissions continues de gaz comme le dioxyde de soufre (SO₂), de vapeur et de cendres. Le schéma observé ces dernières semaines suggère un comportement persistant et fluctuant, typique des systèmes volcaniques aux pressions internes instables.
Les scientifiques ont également détecté une augmentation de la température des fumerolles et des variations dans la sismicité locale, ce qui indique une dynamique hydrothermale active dans le système volcanique.
Fermeture du parc et niveau d’alerte
Le SINAC a décidé de fermer indéfiniment le Parc national du volcan Poás à titre préventif. Cette décision a été prise en coordination avec la Commission nationale d’urgence (CNE), qui maintient l’alerte orange pour le parc et le district de Toro Amarillo, à Sarchí.
L’accès au cratère principal, aux belvédères et aux sentiers est totalement interdit, et les autorités mettent en garde contre les risques d’emprunter des voies non officielles, comme des chemins ruraux ou itinéraires informels. En plus du danger géologique, pénétrer illégalement dans une aire protégée est passible de sanctions en vertu de la loi forestière costaricienne (Loi 7575).
Risques pour la santé et l’agriculture
L’émission de gaz volcaniques, notamment de dioxyde de soufre, constitue un risque pour la santé humaine. Le ministère de la Santé a recommandé aux résidents des zones proches de porter des masques N95, de protéger leurs yeux et d’éviter toute exposition prolongée à l’extérieur. Les symptômes les plus fréquemment signalés sont une irritation oculaire, une toux, un mal de gorge et des difficultés respiratoires.
Par ailleurs, le ministère de l’Agriculture et de l’Élevage (MAG) surveille les éventuels effets des pluies acides sur les cultures et les sols des zones agricoles environnantes, en particulier dans les communautés productrices de café et de légumes.
Un impact aussi sur le tourisme
La nouvelle fermeture du Poás constitue un coup dur pour les économies locales qui dépendent de l’écotourisme. Les hôtels, guides touristiques, restaurants et transporteurs de la région signalent une baisse immédiate de la fréquentation, surtout en raison du fait qu’il s’agit de l’un des parcs nationaux les plus visités du pays.
Cependant, les autorités invitent les touristes à ne pas annuler leur voyage au Costa Rica, mais plutôt à réorienter leurs projets vers d’autres destinations tout aussi sûres et naturelles, comme le Parc national du volcan Irazú, Monteverde ou le Parc national Rincón de la Vieja.
Que peut-on attendre dans les prochains jours ?
L’OVSICORI poursuivra sa surveillance quotidienne à l’aide de stations sismiques, de caméras thermiques et de capteurs de gaz. Bien qu’aucune preuve d’une remontée de nouveau magma n’ait été détectée pour le moment, le comportement erratique du système hydrothermal laisse penser que des éruptions phréatiques pourraient se reproduire dans les jours ou semaines à venir.
La réouverture du parc dépendra d’une diminution soutenue de l’activité volcanique, ainsi que de conditions de sécurité adéquates pour les visiteurs et les agents du SINAC.
La récente activité éruptive du volcan Poás confirme le caractère imprévisible des systèmes volcaniques actifs et la nécessité d’une vigilance constante. En attendant, la fermeture du parc reste une mesure préventive essentielle pour protéger à la fois la population et les visiteurs, dans un contexte où la nature impose ses propres rythmes et avertissements.